Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire : introduction

Découvrez la chronique rédigée par Max Antoine Brun sur le livre Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire.

Cahier d’un retour au pays natal, in Volontés (revue), no 20, 1939, Paris, 1re édition ; Retorno al pais natal, Molina, 1943, La Havane, édition espagnole préfacée par Benjamin Péret et illustrée par Wilfredo Lam, 1re édition sous forme de livre;
Cahier d’un retour au pays natal, Brentano’s, 1947, New York, édition bilingue non paginée traduction Lionel Abel et Ivan Goll.
Cahier d’un retour au pays natal, Paris, Bordas, 1947.
Cahier d’un retour au pays natal, Présence Africaine, 1956, Paris, 2e édition.
Cahier d’un retour au pays natal, Présence Africaine, 1960, Paris, 2e édition, préface de Petar Guberina. Rééditions régulières depuis (en 1980, 1983, 1987, 1988, 1995, 2008).

Aimé Césaire : biographie

Aimé Césaire est né à Basse-Pointe, Martinique, France, en 1913. Son père était inspecteur des impôts et sa mère était couturière. Il est né pauvre, mais fut un élève brillant ce qui lui permit de partir faire ses études en France métropolitaine, à Paris. Sa famille a déménagé dans la capitale de la Martinique, Fort-de-France, afin que Césaire puisse fréquenter le seul lycée de l’île, le Lycée Schoelcher.

Il se considérait de descendance Igbo du Nigéria et considérait son prénom Aimé comme une rétention d’un nom Igbo ; bien que le nom soit d’origine française, en fin de compte du vieux français amée, qui signifie bien-aimé, sa prononciation est similaire à l’ego Igbo, qui constitue la base de nombreux prénoms Igbo. Césaire s’est rendu à Paris pour assister au Lycée Louis-le-Grand grâce à une bourse d’études. A Paris, il passe le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure en 1935 et crée la revue littéraire L’Étudiant noir avec Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas. C’est avec ses mêmes camarades et amis poètes qu’il invente le concept de Négritude.

À son retour en Martinique en 1936, Césaire a commencé à travailler sur son long poème Cahier d’un retour au pays natal, une représentation vivante et puissante des ambiguïtés de la vie et de la culture des Caraïbes dans la Nouvelle Monde.

Cahier d’un retour au pays natal : Présentation

Le Cahier d’un retour au pays natal est un long poème en vers libres. Le style est métaphorique et révolté. Il emprunte au mouvement surréaliste sa liberté face à la raison imposée et son rejet des valeurs reçues. André Breton, auteur du Manifeste du surréalisme saura le reconnaître en lui rendant hommage dans son texte Martinique charmeuse de serpents. Le texte fut rédigé alors que Aimé Césaire était étudiant à Paris, il fut édité (après un premier refus) en 1939 alors que Césaire était retourné en Martinique pour prendre un poste de professeur.

Autres œuvres d’Aimé Césaire :

  • Discours sur le colonialisme, Présence Africaine, 1959 ;
  • Discours sur la Négritude, Floride, 1987 ;
  • La Tragédie du Roi Christophe, Présence Africaine, 1963 ;
  • Les armes miraculeuses, Gallimard, 1946 ;
  • Une Saison au Congo, Seuil, 1966 ;
  • Ferrements, Seuil, 1960 ;
  • Cadastre, Seuil, 1961 ;
  • Une Tempête, Présence Africaine, 1969.

Extrait de Cahier d’un retour au pays natal

« Et voici soudain que force et vie m’assaillent comme un taureau […]

Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’une guêpe apocalyptique. […]
car il n’est point vrai que l’oeuvre de l’homme est finie
que nous n’avons rien à faire au monde que nous parasitons le monde
qu’il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l’oeuvre de l’homme vient seulement de commencer
et il reste à l’homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu’à fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite. »

Cahier d’un retour au pays natal : avis

Le Cahier d’un retour au pays natal est le cri d’un homme à qui on a longuement nié l’humanité. C’est un homme qui, regardant en arrière, cherche à se libérer du poids des chaînes et du poids de l’asservissement qui lui a été imposé. C’est un homme à qui ont a nié l’humanité et qui vient remettre les pendules à l’heure, qui vient crier son humanité aux oreilles de ceux qui ont cherché, et cherchent encore à la lui ôter. C’est le cri d’un révolté. Ce que dit Césaire à travers ce texte c’est : le nègre est un homme, je suis un nègre, je suis un homme.

Il y a dans ce Cahier d’un retour au pays natal comme les prémisses du rap ; un texte revendicatif avec une sorte d’égotrip (acte qui améliore satisfait l’ego de quelqu’un). Une façon de convaincre l’autre, mais aussi de se convaincre soi-même. Et c’est pour moi là que réside la grandeur de ce texte fondateur pour beaucoup d’afrodescendants ; c’est avant tout un texte qui a permis de sortir du néant de rentrer dans l’histoire ; il est un puissant moteur pour celui à qui on refuse la parole, l’existence ; une façon de dire j’existe et j’ai le droit à la parole. Ma voix compte.

Mais, le Cahier d’un retour au pays natal est quelque chose qu’il faut dépasser pour pleinement s’assumer en tant qu’homme, pour faire du cri un acte ; pour faire de l’idée, un fait. Frantz Fanon et James Baldwin le comprendront.

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Max Brun
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