Anthologie de poésie haïtienne contemporaine : Kana Sutra

James Noël, Kana sutra, recueil de poésie. (son site web)

Kana Sutra de James Noel : introduction 

Découvrez la chronique rédigée par Max Antoine Brun sur l’oeuvre Kana Sutra de James Noel.

James Noël : biographie

Jean Noël est né à Hinche en Haïti le 17 mars 1978. Il a étudié les arts dramatiques au Petit Conservatoire avec le comédien Daniel Marcelin et il suit des cours d’histoire de l’art à l’Institut français d’Haïti. En 2005, il fait un stage d’écriture théâtrale en Guadeloupe et développe ses expériences dans l’édition en travaillant avec une maison d’édition en France.

Ancien pensionnaire de la prestigieuse Villa Médicis (2012-2013), il écrit dans deux langues, le créole et le français.

Ses poèmes sont publiés dans divers revues et journaux tels « Les belles provinciales », « Casa de la Americas », « Symbiose poétique », « Le Nouvelliste ». Parolier, ses textes sont mis en musique et interprétés par Wooly Saint Louis Jean, grand voix de la chanson haïtienne.

James Noël a animé des ateliers d’écriture en Haïti, France, Guyane, Nouvelle-Calédonie et ailleurs.

Le 9 juillet 2006, la Bibliothèque de la Grande Anse à Port-au-Prince organise un hommage à James Noël, avec une lecture de poésies, une mise en scène à partir des inédits de l’auteur et une performance du chanteur Wooly Saint Louis Jean et de la chanteuse Tamara Suffren à partir de ses poèmes.

Son poème « Bon Nouvèl » a inspiré un court-métrage réalisé par Dominique Batraville et Kendy Vérilus, La danse des pieds. Mis en musique par Wooly Saint Louis Jean, ce poème d’amour « Bon Nouvèl » est disponible aux lecteurs d’Île en île. D’autres textes de James Noël ont été mis en musique et chantés par James Germain et Arthur H.

Kana Sutra : présentation

Kana sutra est une suite de 10 aphorismes. L’auteur y donne son avis sur le rapport à Dieu à travers la littérature ; sa vision du désir comme cannibalisme ; la photographie, comme possibilité de détruire le verbe par l’image et de cueillir l’instant réel.

Le texte est très court, et ne fait pas plus de 2 pages. Mais, il ouvre à la réflexion et l’on pourrait écrire des dizaines de pages sur ces quelques aphorismes.

Autres œuvres de James Noël :

• Poèmes à double tranchant, 2005 ;
• Le Sang visible du vitrier, 2009 ;
• Rectoverso ;
• Des Poings chauffés à blanc ;
• Les migrations des murs, 2012 ;
• Le Pyromane adolescent, 2013 ;
• Empreintes, 2014 ;
• Cheval de feu, 2014.

Le texte : Kana sutra

Dans le désir, il y a plus de cannibalisme que d’amour. Un cannibalisme contraire qui aiguillonne le corps jusqu’à s’inviter à une bouche qui est sommée de le manger.

*

La voix qui parle en toi, laisse la parler. Laisse-la parler plus que de raison, jusqu’à ce qu’elle se casse et fasse écho dehors.

*

Aux injustices coupantes, il faut opposer son poing dégagé de tout gant.

*

Seule le saignement dentaire fera justice de la transparence du verbe.

Kana sutra : avis

Kana sutra est une suite d’aphorismes que l’on ne doit pas, nécessairement, lire d’une traite. Chacun des aphorismes (écrits dans la forme de la prose poétique) présents dans ce recueil mérite qu’on s’y attarde. Les écrits de James Noël demandent au lecteur qu’il lui accorde de l’attention, de la concentration même. À ce prix seulement, il est possible d’en tirer quelque chose. Ces aphorismes sont des puits où l’on trouve une eau pure, encore faut-il y jeter sa bassine et la remonter.

Je le conseille tout particulièrement aux lecteurs friands de figure de style et de prose poétique. Les autres… un peu de concentration et ça ira.

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