« Aminata », écrit par Lawrence HILL, publié en 2011 aux Editions Pleine Lune et en 2012 aux Editions Présence Africaine, traduit de l’œuvre originale « The Book Of Negroes » publié en 2007.

Lawrence HILL : Biographie

Lawrence Hill est un écrivain canadien né en 1957, en Ontario. Titulaire d’un diplôme en sciences économiques de l’Université Laval, au Québec, et d’une Maîtrise en création littéraire de l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Il entame une carrière de journaliste dans le journal torontois « The Globe and Mail » et devient correspondant parlementaire à Ottawa pour le Winnipeg Free Press.

Fortement influencé par le travail de ses parents dans leur lutte pour la défense des Droits de l’Homme, Lawrence Hill a longtemps sillonné le continent africain, notamment les pays comme le Niger, le Mali et le Cameroun, afin de perpétuer leur action. Il a marqué son profond intérêt pour l’avancement des femmes et des filles en Afrique.

Sa plume et son engagement lui vaudront d’être un écrivain et un activiste reconnu sur la scène internationale, et son roman Aminata (The Book of Negroes/Someone Knows My Name) lui a permis de remporter le « Canada Reads 2009 », ainsi que d’autres prix littéraires, tels que le « Commonwealth Writers’ Prize » en 2008, ainsi que le « Rogers Writers Trust Fiction Prize » ANNEE.

Aminata : Présentation

En plein cœur de l’Afrique de l’Ouest, dans le petit village de Bayo, Aminata mène une existence paisible, entourée de l’amour de ses parents. Cependant, tout bascule au retour d’un village voisin, lorsque sa mère est tuée et qu’elle est kidnappée par des marchands d’esclaves.

Désormais prisonnière, les espoirs d’Aminata s’effondrent lorsque son père est tué à son tour et que son village est incendié. A mesure qu’elle s’enfonce dans la forêt pour gagner la « grande eau », Aminata perd tout ce qui faisait sa fierté, y compris la seule chose qu’elle pensait à jamais lui appartenir : sa liberté.

Au large de l’océan Atlantique, Aminata foule des terres hostiles où elle n’est définie que par sa couleur de peau. Malgré tout, la jeune femme n’a de cesse de développer ses armes, de se battre pour cette liberté qu’on lui a arrachée et peut-être devenir la voix de ceux qui n’ont pas pu s’exprimer avant elle.

Autres œuvres de Lawrence HILL :

Some Great Thing (1992), publié en français sous le titre De Grandes Choses, aux Editions du Blé en 1995 ;

Blood : The Stuff of Life (1013), publié en français sous le titre Le Sang, essence de la vie, aux Editions Pleine Lune en 2014 ;

The Illegal (2015), publié en français sous le titre Le Sans-Papiers, aux Editions Pleine Lune en 2016.

AMINATA – Résumé

Entre la culture des champs, le millet à piler, l’aide à apporter à sa mère accoucheuse et les senteurs du thé à la menthe durant les nuits étoilées, Aminata, du haut de ses onze années, n’aurait jamais pu imaginer que le pire surviendrait par un bel après-midi de 1745. Ses parents sont tués, son village est mis à feu et à sang et elle est faite prisonnière par des marchands d’esclaves.

C’est le début de l’enfer.

Pendant de longs mois, Aminata traverse la forêt, enchaînée à d’autres prisonniers et la dure réalité s’impose à elle : elle n’est plus libre. Elle découvre ce qu’est l’humiliation, la douleur, le désespoir et côtoie la mort de près. Elle quitte les berges de l’île de Berne pour une traversée de l’océan Atlantique aussi déterminante que traumatisante, pour arriver sur une terre inconnue, notamment l’île Santa Héléna, où elle est vendue aux enchères.

Aminata est désormais réduite au rang d’esclave.

Heureusement pour elle, Aminata est chaperonnée par la généreuse Georgia qui l’aidera à s’adapter à son nouvel environnement et par Mamed, le régisseur, qui développera l’intelligence qu’il a décelée en elle. Désormais accoutumée à sa nouvelle vie, Aminata trouve un semblant d’équilibre et découvre même l’amour. Cependant, le bonheur ne dure jamais longtemps et dépouillée de tout ce à quoi elle tenait, Aminata est vendue à Solomon Lindo qu’elle servira durant de longues années à Charles Town.

Alors qu’elle pensait avoir trouvé un endroit qu’elle pouvait qualifier de foyer, le malheur frappe la maison des Lindo et Aminata et son maître quittent Charles Town pour gagner New-York. Là-bas, Aminata retrouve un semblant de liberté. Cependant, la vie y est difficile et les tensions entre les grandes puissances mettent en péril sa paix nouvellement trouvée.

Remarquée grâce à son savoir, Aminata est engagée par le gouvernement pour tenir le Registre des Noirs, document qui marquera un tournant important pour l’avenir des esclaves. Lorsque l’opportunité de se rapprocher de sa terre natale se présente à elle, Aminata prend à nouveau le large pour l’Ecosse et de là, gagne Freetown, sur les côtes de la Sierra Leone.

Plus près de chez elle qu’elle ne l’a jamais été depuis qu’elle a été capturée, Aminata réalise cependant que les choses n’ont pas changé, que le commerce des esclaves est toujours aussi florissant que quarante ans plus tôt et qu’il devait bien exister un moyen pour elle de faire bouger les choses. Alors pour la dernière fois, elle décide de traverser l’océan pour regagner Londres, afin de raconter son histoire ainsi que celle de milliers d’autres qui eux, n’ont pas eu la chance de survivre pour le faire.

Aminata – Avis

Aminata est un roman qui commence par la fin.

En 1802, Aminata Diallo a bien des choses à dire sur le périple qui l’a menée jusqu’au lieu où elle peut enfin raconter son histoire.

Plus de quarante ans plus tôt, Aminata, âgée de onze ans, est prématurément arrachée à l’innocence de l’enfance et est confrontée à une réalité qu’elle n’imaginait pas jusque-là : le commerce des esclaves. Désormais privée de sa liberté, humiliée et déshumanisée, nous nous retrouvons au cœur de la traite négrière vue à travers le regard d’une petite fille.

L’auteur n’en profite cependant pas pour édulcorer son propos, bien au contraire.

C’est sans phare qu’Aminata parle de son périple où les réalités du commerce et de la vie d’esclaves la marqueront à vie : la douleur d’être séparée des siens, d’être retenue captive, de ne plus être libre de parler et même de penser ; ce point de rupture où la force de se battre pour sa survie n’existe plus ; le sang versé par ceux qui luttent pour leur liberté ; et la mort qui les guettent à chaque instant.

Pourquoi est-elle traitée ainsi ? Vaut-elle si peu de chose pour être obligée de marcher nue et d’être ligotée dans la forêt ? Pourquoi des hommes noirs vendent-ils leurs propres frères ?  Pourquoi certains ont-ils des privilèges et d’autres non ? Qui a décrété que les noirs devaient être les esclaves des hommes blancs ?

D’ailleurs, qu’est-ce qu’un esclave, en réalité ?

Dans un contexte où la liberté est un luxe, la question de l’appartenance identitaire est récurrente. Aminata sait qui elle est et d’où elle vient : une Peul et une Bambara du village de Bayo. Cependant, après avoir traversé trois continents, été rejetée de son propre pays, et même dépouillée de son nom, quelle certitude détient-elle encore ? A travers le « Registre des Noirs », le nom prend dès lors une signification toute particulière, car le porter dans ce registre garantissait une « existence formelle », la preuve pour la postérité que d’autres ont bel et bien foulé ce monde.

Malgré le fait qu’il s’agisse d’une biographie fictive, le travail de documentation nous permet d’apprécier avec plus de vivacité les faits historiques qui sont relatés : la traversée tumultueuse de l’océan et les dizaines de vies qu’elle a emportées dans ses remous, le travail dans les plantations d’indigo, les violences subies au quotidien, les maigres bonheurs à peine savourés et les migrations incessantes.

La plume fluide de Lawrence Hill nous transporte profondément dans le quotidien d’Aminata, de sa petite enfance jusqu’à ses vieux jours, et chacune de ses douleurs devient la nôtre : palpable, cuisante, insoutenable. D’où lui vient la force de continuer à vivre, alors que tout lui a été enlevé ? La façon dont ce personnage surmonte ses tourments perpétuels force l’admiration.

Aminata est un roman à la fois riche et bouleversant de vérités, rythmé par la force de notre héroïne et cette soif de liberté qui la guide jusqu’au moment de sa vie où elle n’a plus rien à prouver. A ce moment où nous l’accompagnons pour sa dernière mission, celle d’éduquer, de conscientiser, il est clair que la lutte n’est pas terminée, mais qu’il est encore possible d’espérer.

INCIPIT

« ON DIRAIT que la mort ne veut pas de moi ».

10 Citations tirées du livre « Aminata »

« L’Afrique est ma patrie, mais j’ai survécu à suffisamment de migrations pour remplir cinq vies, merci beaucoup, je ne veux plus bouger », page 12 ;

« Poser le regard sur le visage de quelqu’un veut dire deux choses : reconnaître son humanité et affirmer la sienne », page 35 ;

« Quand tu aides à mettre un bébé au monde, tu ne t’appartiens pas. Tu t’oublies et tu aides l’autre », page 97 ;

« C’est seulement lorsqu’on est en sécurité, qu’on peut savoir comment se protéger du danger », page 107 ;

« Nos paroles, à la nage, vont plus loin qu’un homme à pied », page 153 ;

« Je fis le vœu de ne pas laisser la rumeur de la ville noyer leurs voix ou me voler mon passé », page 205 ;

« Les boukras s’emparaient de l’or et des personnes de mon pays et utilisaient le premier pour acheter et vendre les deuxièmes », page 220 ;

« Toi aussi, tu peux réaliser quelque chose de beau, mais tu dois d’abord conquérir ta liberté », page 264 ;

« Les hommes n’ont pas besoin de tout s’avoir, et parfois il vaut mieux qu’ils ne sachent rien du tout », page 475 ;

« Je suis née ici, et nous sommes maintenant ici, et je vais vous raconter ce qui s’est passé entre les deux », page 501.

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Leïla Tsatchou
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