Débutants de Catherine Balondeau, publié le 02 janvier 2020 par les Editions Mémoire d’Encrier.

Catherine Blondeau : Biographie

Maître de conférence en littérature et art du spectacle à l’Université de Rouen, directrice de l’Institut Français d’Afrique du Sud à Johannesburg, attachée culturelle à Varsovie, et conseillère artistique du festival Automne en Normandie, Catherine Blondeau a endossé bien des casquettes avant d’entamer sa carrière littéraire.

De l’Afrique du Sud jusqu’à Nantes où elle dirige depuis 2011 le Grand T, théâtre de Loire-Atlantique, en passant par Varsovie, capitale de la Pologne, Catherine Blondeau a su tirer parti de ses expériences passées et des réalités qu’elle a côtoyées pour les rassembler dans Débutants, son premier roman, un ouvrage plein d’ambition qui rassemble l’histoire, les aspirations et les douleurs de plusieurs communautés.

Ce premier roman de Catherine Blondeau lui vaudra de figurer parmi les finalistes du Prix des Libraires 2020.

Débutants : Présentation

Nelson Ndlovu, archéologue sud-africain trentenaire spécialisé dans l’art rupestre, vient d’arriver en France pour l’inauguration du musée national de la Préhistoire. Dans le petit village de Meyrals en Dordogne où il s’est installé, il fait la rencontre de Peter Lloyd, traducteur anglais introverti installé en France depuis quinze ans et de Magda Kowalska, jeune polonaise propriétaire d’une maison d’hôte à la réputation bien établie dans les environs.

Aucun d’entre eux ne se doute que derrière les sourires des uns, la réserve bienveillante ou la passion explosive des autres, se cachent un passé qui pèse lourd sur leurs épaules. Immigré coupable ou exilé volontaire, les histoires de ces personnages s’emmêlent, sont tumultueuses et violentes, mais aussi se fondent dans une toile pittoresque qui transcende les cultures et les continents.

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Débutants – 2 janvier 2020 : est le premier roman de Catherine Blondeau.

Débutants – Résumé

Sommité dans le domaine de l’archéologie, Nelson Ndlovu est invité à l’inauguration d’un musée en France, à Dordogne. Passionné par son métier, Nelson n’en n’oublie pas ses aspirations patriotiques et cherche par la même occasion à développer le domaine de l’archéologie dans son pays. C’est d’ailleurs dans cette veine qu’il se liera d’amitié avec Peter Lloyd qui saura montrer une oreille attentive et dévouée à ses diatribes intellectuelles. Se crée alors entre les deux hommes une amitié aussi solide qu’inattendue.

Alors que Nelson tente de se racheter auprès d’une nation qu’il pense avoir abandonnée, Peter quant à lui, a du mal à se défaire d’un passé auquel il a cherché pendant de nombreuses années à échapper. Homme blanc homosexuel des années 80, Peter était partagé entre son métier de traducteur, ses livres, et les moments passés avec Marcus, celui qu’il considère comme son « grand amour ». Amants aux personnalités opposées mais à l’affection indicible, tout change après une émeute dans le quartier de Brixton à laquelle ils ont participé. Marcus, âme libre et insaisissable, s’éloigne de Peter et de son esprit plus conservateur, moins militant. Après avoir perdu l’amour de sa vie, Peter accepte la proposition de son ami Akash de le suivre en France pour commencer une nouvelle vie.

Qu’il s’agisse de Nelson ou de Peter, tous deux arrivent en Dordogne par hasard, mais y trouvent une raison de ne plus la quitter. Pour Nelson, c’est Magda, jeune mère d’un enfant de six ans et femme d’affaire accomplie. Pour Peter, c’est ce village, ces habitants et surtout le fils de Magda, Bruno, pour qui il éprouve un attachement particulier.

Alors que la vie suit son cours, un drame survient et secoue tout le village. La question se pose : pourquoi une telle tragédie ? Les habitants de Meyrals se révèlent et mettent à jour les stigmates invisibles mais omniprésents d’une société raciste.

Magda prend enfin la parole pour nous parler d’elle, de son enfance et de sa vie d’adulte. A travers sa confession, nous lui découvrons une vie de famille atypique, hantée par le souvenir d’une France qu’elle ne connaissait pas. Abandonnée très tôt, elle s’est forgée, a grandi, et a fini par être rappelée à cette France à laquelle elle était attachée malgré elle. C’est là, qu’elle parviendra à vaincre ses démons et à trouver les réponses qui lui faisaient défaut jusqu’à lors.

Elle est désormais libre et se sent prête à accomplir le rôle qu’elle refusait d’endosser jusque-là, sans se douter que la fin est plus proche qu’elle ne croie.

Débutants – Avis

Lorsque Nelson Ndlovu est invité à prononcer un discours pour l’inauguration d’un musée de la Préhistoire à Dordogne, nul ne se doute que ce dernier va intimer une restitution de la mémoire de ses ancêtres. Telle est la personnalité du principal acteur de ce roman. Intellectuel chevronné, patriote engagé, et passionné par l’histoire en général et celle de ses ancêtres en particulier, Nelson Ndlovu exprime cette volonté d’ouvrir les yeux du monde et, le cas échéant de la France sur le racisme colonial.

Une double réaction s’effectue face au militantisme de Nelson. Pour Peter et Magda, cette passion les appelle et les captive tandis que pour ses pairs et les habitants du village de Meyrals, l’image de ce peuple colonisé reste bien ancrée dans les esprits. A travers l’intellect presque ostentatoire de son personnage, Catherine Blondeau cherche à mettre le doigt sur cette stigmatisation, consciente ou non, des peuples colonisés.

Débutants est un roman sur l’exil de trois personnages : Nelson, Peter et Magda.

Militant depuis le ventre de sa mère, Nelson s’est pourtant senti comme un étranger, coincé entre son passé d’immigré, et les aspirations aveugles de personnes qui semblent plus guidés par l’amour du combat que par un réel désir de changement. Dans cette quête incessante « d’approbation », Nelson nous distillera à travers de longues introspections son passé d’exilé et de patriote, ses angoisses, ainsi que ses blessures. Peter, moins militant, plus conservateur, a perdu l’amour de sa vie et a saisi la première opportunité qui s’est présentée à lui pour tout laisser derrière lui et recommencer, ailleurs. Magda quant à elle, a toujours été liée à la France de par ses parents, mais lorsqu’elle finit par s’y rendre à son tour, c’est le coup de foudre. Désireuse de combler le vide qui l’habite depuis toujours, elle préfère quitter la Pologne et s’établir en France.

Catherine Blondeau met en exergue la complexité des relations humaines. Elles se tissent sans qu’on ne s’y attende et s’étiolent sans demander leur reste. Un rien peut faire tout basculer, et du jour au lendemain, on peut être privé de tout. Le trio que forment Nelson, Peter et Magda en est un parfait exemple. Nelson est marié et père, pourtant, il tombe éperdument amoureux de Magda. Leur relation est décrite avec une sincérité touchante alors qu’il ne s’agit là que d’adultère. Magda a moins de mal à s’attacher à un parfait inconnu qu’à son fils, la chair de sa chair, et Peter semble toujours prisonnier de ses souvenirs avec Marcus.

Débutants est un roman où le passé s’entremêle au présent, où les blessures ne guérissent jamais vraiment, et où la part d’ombre qui sommeille en chacun des personnages est un poids qui se traîne au quotidien. Catherine Blondeau nous conte, non pas une, mais une multitude d’histoires, des souvenirs. A travers les voix de ses personnages, nous quittons des stigmates de l’apartheid à celles de la seconde guerre mondiale. Entre crise identitaire, héritage historique, familial ou culturel, et appréhensions individuelles, un seul point de chute, la France et ce sentiment de liberté qu’elle dégage.

Théâtre d’une scène tragique, c’est pourtant avec beaucoup d’affection que Catherine Blondeau met le point final sur cette histoire, en nous faisant miroiter un bonheur qui ne surviendra jamais, mais que l’on ne peut s’empêcher d’attendre malgré tout.

INCIPIT

« Personne ne circulait encore sur la route qui serpentait vers Les Combarelles à cette heure matinale ».

10 Citations tirées du livre « Débutants »

« C’est étrange de n’avoir comme image de son père que celle d’un adolescent qui vous ressemble », page 16 ;

« Comment pouvait-on faire comme si l’esclavage et la colonisation n’avaient pas été des faits majeurs de l’histoire humaine ? », page 22 ;

« Tu n’as que ta dignité, n’en fais pas cadeau au premier venu », page 34 ;

« Il y a une histoire africaine, et elle ne commence pas à la veille de la colonisation », page 42 ;

« Tu ne te bats pas avec ta colère. Pour vaincre son adversaire, il faut être sans colère », page 107 ;

« Ce qui relie n’attache pas forcément », page 112 ;

« Il y a toujours eu des esclaves pour préférer l’ordre des maîtres au risque que représente la liberté », page 314 ;

« Il ne faut laisser mourir personne dans la solitude », page 332 ;

« Je ne rêvais que de revenir au temps d’avant, le temps heureux de l’ignorance, quand je ne savais rien du tout », page 469 ;

« On ne peut pas toujours réparer les erreurs qu’on a commises », page 470.

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Leïla Tsatchou
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