Contes Initiatiques Peuls, Amadou Hampâté Ba, Pocket Editions, 2000

Amadou Hampâté Bâ : Biographie

Amadou Hampâté Bâ, descendant d’une famille aristocratique Peul, est né au Mali en 1900. Écrivain, historien, ethnologue, poète et conteur, il est l’un des plus grands spécialistes de la culture Peul et des traditions africaines.

Chercheur à l’Institut français d’Afrique Noire de Dakar dès 1942, Amadou Hampâté Bâ fut l’un des premiers intellectuels africains à recueillir, transcrire et expliquer les trésors de la littérature orale traditionnelle ouest-africaine – contes, récits, fables, mythes et légendes. Ses premières publications datent de cette période. En 1962, au Conseil exécutif de l’UNESCO, où il siégeait depuis 1960, il a attiré l’attention sur l’extrême fragilité de la culture ancestrale africaine en lançant un cri d’alarme devenue célèbre : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».

Outre des contes, comme Petit Bodiel et autres contes de la savane, Amadou Hampâté Bâ a écrit des ouvrages d’histoire, des essais religieux, comme Jésus vu par un musulman, ou Vie et enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara, ainsi que ses mémoires, Amkoullel l’enfant Peul, suivi de Oui, mon commandant, publiés en France à partir de 1991.

Contes Initiatiques Peuls : Présentation

Les Contes initiatiques Peuls parus aux éditions Stock en 1994 (la couverture en image correspond “elle” à parution de l’année 2000). Elles furent écrites par Hamadou Hampâté Bâ quelques années (voire décennies) avant sa mort en 1991.

Le livre est divisé en deux contes dont le premier : “Njeddo Dewal, mère de la calamité” – le plus long des deux textes – traite de l’origine du peuple Peul, de sa chute et des épreuves qu’il lui faut traverser pour refaire de Heli et Yôyo (Terre d’origine des Peuls) un paradis sur terre.

L’histoire débute dans le Wâlo au pays mythique de Heli et Yôyo, paradis perdu du peuple Peul. Dans ce “Jardin d’Éden” où les Peuls vivaient heureux, ils se rassasièrent tant de ce bonheur qu’ils en devinrent orgueilleux et se perdirent eux-mêmes. Ainsi, ils se baignaient dans du lait et se torchaient avec des épis de céréales, nourritures sacrées.

Mécontent, Guéno, l’Eternel, le Temps infini donna naissance à Njeddo Dewal, mère de la calamité afin de décréter leurs châtiments.

A la suite de sa création, le merveilleux pays de Heli et Yôyo devient très rapidement une dystopie.

Autres oeuvres : Amadou Hampâté Bâ

  • Amkoullel, l’enfant Peul: mémoires (1991) ;
  • L’étrange destin de Wangrin (1973) ;
  • Petit Bodiel (1976) ;
  • Kaidara (1969) ;
  • Aspect de la civilisation africaine (1972) ;
  • Jésus vu par un musulman (1976) ;
  • L’Empire Peul du Macina (1955).

Contes Initiatiques Peuls : Résumé

Très rapidement après la création de Ndjeddo Dewal qui est tout autre que la mère de la calamité, les silatiguis (chefs et rois du pays) ont conclu qu’un malheur allait s’abattre sur Heli et Yôyo.

Les chefs et les rois du pays ont donc cherché à éviter cette calamité. Parallèlement, Ndjeddo Dewal créa une cité invisible du nom de Wéli-Wéli (Tout doux, tout doux) dans laquelle elle résidait avec ses sept filles, toutes vierges.

Dans le village, après que la calamité ait eu lieu, il restait très peu de femmes. En effet, ils ne restaient que celles qui n’avaient pas commis de péchés ; et donc logiquement la rumeur sur les sept filles qui étaient indépendantes et qui n’ont pas été encore déflorées prenait de plus en plus d’ampleur. Mais il s’avérait que la mère de la calamité avait en réalité mis en place un guet-apens afin d’attirer des prétendants sept par sept. Ainsi, ces derniers disparaissaient au fur et à mesure.

Bâ-wâm’ndé, de son vrai nom Baba wâm’ndé (qui veut dire ‘Père du bonheur’) est un homme sage et vertueux, cité comme un modèle de droiture (jamais il n’avait trompé et jamais il n’avait quémandé). Un homme de bien, droit et généreux et qui faisait des crédits aux pauvres sans en réclamer la contrepartie avait une femme qui se nommait Weldo-Hôre (“tête-douce-chanceuse”) que les gens du village Hayyô (situé au pied d’une des sept montagnes et Heli et Yoyo) appelaient Welôré et qui était encore plus patiente que son époux, d’aucuns disaient même plus amène (aimable) et plus généreuse. Elle était aussi “chaste comme une sainte” et réunissait donc les quatre qualités qui faisaient qu’elle ne saurait être doublée d’une co-épouse.

Contes Initiatiques Peuls

Un soir, Welôré a fait un rêve dans lequel elle mettait au monde un taurillon blanc.
Suite à ce rêve prémonitoire, Bâ-wâm’ndé était parti voir le devin Aga-Nouttiôrou, qui lui confia que sa femme donnera naissance à 7 garçons qui ne feront pas d’enfants et une fille qui donnera naissance à un petit garçon prédestiné à lutter contre la mère de la calamité. Avant sa conception, cet enfant s’incarnera en une grande étoile et sera visible tous les soirs pour ensuite rejoindre les entrailles de sa mère. Il sera plus précisément un garçon providentiel qui aura pour objectif de lutter contre la mère de la calamité durant sept ans. Après ce temps passé, “ la terre, surchauffée par le souffle de Njeddo Dewal au point de brûler les talons, recouvrera sa fraîcheur.

Pour réaliser l’avortement, Bâ-wâm’ndé devait réaliser un sacrifice en allant chercher le mouton Kobbou-nollou qui a la particularité d’avoir deux yeux de couleurs différentes : l’un est brun, l’autre lacté. Bâ-wâm’ndé devra ensuite le donner en charité à un homme sourd-muet-borgne qui se trouve à Wéli-Wéli qui se prénommait Siré car lui-seul connaît le secret qui pourrait causer la perte de Njeddo Dewal. Donc Bâ-wâm’ndé décida de partir à sa recherche avec sept choses insolites :

  • Excrément de sauterelles ;
  • Yesson de carapace ;
  • Humeur séchée mêlée à de l’antimoine amère ;
  • Une pierre miraculeuse ;
  • Un fruit jaune et mûr ;
  • Un crâne provenant d’un baobab ;
  • Des oeufs casses-pierres.

Tous ces objets insolites lui ont servi lors de son périple notamment dans les moments extrêmement délicats comme lors de la libération de Siré.

En voyant la disparition de Siré, la mère de la calamité ordonna à ses sept serviteurs en plus des animaux de la forêt d’aller à la poursuite de Bâ-wâm’ndé et du fugitif.

Mais ces derniers s’enfuirent chez un peuple de Scorpion où Njeddo Dewal n’avait absolument aucun pouvoir. Et en plus de cela, ils ont réussi à libérer un fétiche du nom de Koumbasâra: un Dieu Oiseau.

Ndjeddo Dewal contre Bâgoumâwel

Quelque temps après, il arriva ce qu’il devait arriver la femme accoucha de sept garçons qui eux aussi ont à leur tour entendu l’histoire des sept femmes vierges. Ces derniers ont donc demandé l’autorisation à leur père qui leur a dit “oui” sans savoir que c’était encore une fois un guet-apens de la part de la sorcière.

Welôré qui venait d’accoucher avait un mauvais pressentiment et a donc envoyé son fils rejoindre ses sept oncles.

Au début, quand ils l’ont vu, ils n’en croyaient pas leurs yeux. En effet, ils pensaient que c’était un petit diablotin qui était là pour leur jouer des mauvais tours mais ces derniers l’ont au final accepté. Ainsi, Bâgoumâwel les aida dans leur quête car ceux-ci ne savaient pas que le but de Njeddo Dewal était d’attirer les prétendants pour assouvir sa vengeance envers leur père. Bâgoumâwel réussira à déjouer le plan machiavélique que la sorcière avait mis en place le jour des rapports sexuels entre les 7 vierges et les 7 prétendants. En effet, la mère de la calamité avait l’habitude de boire le sang des prétendants à l’aide de corne que ses filles enfonçaient dans le corps des candidats.

Bâgoumâwel utilisa des techniques de ruse pour affaiblir la sorcière de jour en jour. En effet, en l’empêchant de boire le sang de ses oncles comme elle a l’habitude de faire avec les précédents prétendants.Il l’a empêché pendant 6 jours.
Lors du septième jour, elle a ingurgité des somnifères ce qui l’a plongée dans un profond sommeil et l’enfant prédestiné en a donc profité pour élaborer un plan dans lequel son but était de remplacer le corps des hommes par celui des filles de Njeddo Dewal. Le plan avait parfaitement fonctionné.
Ignorante, elle avait bu le sang de ses 7 filles puis les égorgea en pensant que c’étaient les enfants de Bâ-wâm’ndé.

Le jour suivant, en apprenant que ce n’étaient pas ces filles, cette dernière rentra dans une rage folle et décida donc d’implorer Gueno. Elle voulait pour objectif devenir belle pour faciliter sa venue à Heli et Yôyo en tant que marchande et avait pour principal but de se marier avec le plus grand fils de Bâ-wâm’ndé mais son plan n’a pas abouti et celle-ci a décidé de se métamorphoser en étalon pour s’enfuir avec une autre cible : le jeune prince Sakai lors d’une course de chevaux.

Après son enlèvement, désemparé, le roi a fait appel à Bâgoumâwel pour récupérer son fils mais la sorcière, en échange du prince, demandaient 20 prétendants et Bâgoumâwel en plus. En cas de refus, l’antagoniste tuerait le prince et ferait abattre des épidémies mortelles et des maladies incurables sur tout le pays de Héli et Yoyo.

Bâgoumâwel décida avec 20 volontaires de se rendre à Wéli-Wéli à l’insu du roi pour respecter le deal…

Le prince fut donc libéré. Mais malheureusement, les prisonniers se sont encore échappés grâce au Dieu Oiseau ce qui constituait encore une défaite de la part de la sorcière face à Bâgoumâwel. Malgré toutes ces tentatives, Njeddo Dewal n’avait pas dit son dernier mot…

Contes Initiatiques Peuls : Avis

En lisant ce conte, vous remarquerez très vite un contraste assez brut. En effet, le conte est à la fois un mélange fantaisiste et funèbre.

Le pays Héli et Yoyo qui était au départ une terre utopique, un paradis terrestre qui s’est très très vite transformé en une Babylone version Peul, c’est-à-dire un lieu de débauche, de luxure et de péché. Pour punir les hommes d’avoir transformé le paradis terrestre en un “fiasco”, Guéno a créé Njeddo Dewal, la Mère de la Calamité. Il a voulu rappeler à son ethnie la cause de leur perte suite à leur impiété. Mais, celui-ci a également eu la volonté de montrer que sans l’existence d’un être divin, l’Homme serait un être arrogant et extrêmement prétentieux qui se sentirait au-dessus de tout. Ainsi, par la création de Njeddo Dewal, Guéno exprime au peuple Peul, l’idée qu’il est tout-puissant et qu’il est de leur devoir de respecter sa création, sans quoi ils sont punis.

Pour aller plus loin, selon moi, Gueno représente une sorte d’allégorie de la toute-puissance qui a condamné toute une ethnie suite à leur arrogance et du fait de vivre dans le péché en leur infligeant un fatalisme du nom Njeddo Dewal (Tout doux, Tout Doux, drôle de nom pour une source de calamité – devrions-nous nous méfier des apparences ?) juste après un crépuscule.

Njeddo Dewal, l’antagoniste éponyme est donc la conséquence directe des actes des Hommes, autrement dit de leur impiété envers Guéno. Cette dernière possède des attributs diaboliques avec une apparence effroyable avec notamment plusieurs yeux et plusieurs oreilles par exemple. Durant tout le conte, la sorcière fera vivre un véritable calvaire à toute la population d’Héli et Yoyo et cela, même après la naissance de l’enfant prédestiné : Bâgoumâwel. À l’instar de Thésée contre le Minotaure ou encore Ulysse contre Polyphème, le but de Bâgoumâwel sera de venir à bout de son adversaire pour sauver tout un peuple.

Dès sa naissance, Bâgoumâwel avait déjà des caractéristiques hors du commun autant physiquement qu’intellectuellement. Effectivement, il savait d’ores et déjà parler et marcher tout seul comme un adulte et était doté d’une malice, d’une clairvoyance et d’une lucidité sans pareil ce qui lui a permis de combattre sans réels efforts contre la mère de la calamité.

En lisant minutieusement le conte, vous remarquerez que les deux protagonistes ont sans aucun doute inspiré les personnages fictifs de Kirikou et de karaba la sorcière.

Ainsi, Kirikou, tout comme Bâgoumâwel est né extrêmement intelligent en sachant marcher et parler. De plus, la scène durant laquelle Bâgoumâwel se transforme en chapeau rappelle la scène où l’oncle de Kirikou l’installe dans son chapeau en se dirigeant vers l’antre de Karaba.

Aussi, certains pièges que Karaba la sorcière met en place contre Kirikou rappellent ceux mis en place par Njeddo Dewal contre Bâgoumâwel : la scène où Karaba la sorcière envoie une pirogue pour attirer les enfants dans son antre rappelle la scène où Njeddo Dewal après avoir créé une chèvre qu’elle place sur une colline et avec laquelle les enfants s’amusent et suivent jusqu’à Weli Weli (tout doux, tout doux).

Selon moi, le pays de Héli et Yoyo est similaire au Jardin d’Éden et à contrario, la lugubre cité invisible de Weli Weli (Tout doux, Tout doux) est une sorte d’enfer sur terre où la mère de la calamité Njeddo Dewal en est l’autocrate.

En plus d’être un lieu lugubre, c’est un traquenard monté de toutes pièces par l’antagoniste pour attirer les prétendants les plus désinvoltes et intrépides. Elle démontre toute l’ignorance et toute la bêtise humaine malgré la punition infligée par Guéno car ceux-ci avaient été mis à l’amende par leur tout-puissant en raison de leur insoumission envers lui.

Néanmoins, aveuglément les prétendants se dirigeaient sept par sept pour commettre encore un péché et pas le plus maigre : la relation sexuelle. Leur seul et unique objectif était de copuler avec les sept femmes n’ayant pas été déflorées.

Contes Initiatiques Peuls : Avis sur les principaux personnages

Guéno

Représente le temps infini, qui suite à la question de Doumouna, le temps temporel divin demande d’être appelé “L’éternel”. C’est la demeure de l’Être-Un, du vide vivant qui couvre potentiellement en lui la somme de toutes les existences possibles.

La distinction première réalisée par l’initiation Peul concerne la distinction faite entre l’Être et le Temps (on pense à Jean-Paul Sartre), l’Être demeure (habite) le Temps ; les deux sont donc indissociables. L’Être-Un source de toutes les possibles demeures dans Guéno. Guéno est donc le Temps sans qui rien n’existerait. Guéno est la Source.

Njeddo Dewal

Nous pouvons dire que la mère de la calamité porte merveilleusement bien son nom. Cette dernière fera vivre une torture à tout un pays et cela durant plusieurs années (7 ans précisément). À l’instar de Karaba la sorcière durant tout le récit, elle fera vivre un véritable calvaire sur tout un pays sauf que cette dernière détient le pouvoir de se métamorphoser en étalon ou encore en inondation par exemple. Cette femme est le mal incarné, un tyran qui n’a aucune pitié et qui fera absolument tout pour assouvir sa vengeance mais également sa rancune envers Bâ-wâm’ndé puis Bâgoumâwel par la suite.

Bâgoumâwel

Bâgoumâwel est le protagoniste par excellence, voire le messie de l’ouvrage.
C’est le petit-fils du patriarche Bâ-wâm’ndé mais c’est surtout l’enfant du destin, celui qui luttera sans relâche contre la mère de la calamité en lui donnant du fil à retordre durant tout le récit. C’est un personnage avec des caractéristiques et des attributs similaires à Kirikou. En effet, c’est un enfant qui dès sa naissance savait déjà marcher et parler, il est doté d’une intelligence largement au-dessus de la moyenne. À l’instar de Kirikou, il est celui dont tout le monde fait appel lorsque la mère de la calamité joue un mauvais tour au village et donc son but principal est de sauver tout un pays des griffes de la mère de la calamité.

Bâ-wâm’ndé

Personnage principal des Contes Initiatiques Peul, car il est le grand-père de Bâgoumâwel qui sera celui qui vaincra Njeddo Dewal (mère de la calamité) et libérera le peuple Peul. Bâ-wâm’ndé de par sa générosité est choisi pour devenir le patriarche de la lignée qui libérera les Peuls de la malédiction dont ils se sont rendus coupables. On peut ainsi faire le parallèle avec trois récits de l’antiquité que sont : la légende de Gilgamesh, la Bible et le Coran.

Dans le premier, la chute des Hommes est due au vacarme qu’ils font, dans les deux suivants elle est due à la méchanceté des Hommes, tandis que dans les Contes initiatiques peuls, elle est due à la frivolité des Hommes. Bâ-wâm’ndé est, également, un personnage central du conte car il affronte Njeddo Dewal qu’il affaiblira – ceci avec l’aide d’objets insolites (excrément de sauterelles ; tesson de carapace ; humeur séchée mêlée à de l’antimoine amer ; pierre miraculeuse ; un fruit jaune et mûr ; un crâne provenant d’un baobab ; des oeufs casse-pierres) que les animaux (crapaud, sauterelles, tortues, une meute de chiens et de hyènes…) lui ont transmis – mais qu’il ne réussira pas à vaincre.

Bâ-wâm’ndé (ou Baba wâm’ndé “Père du Bonheur”)

Être sage et vertueux, des qualités qui impose le respect de Guéno et qui lui permettront d’être le grand-père de Bâgoumâwel celui qui libérera le peuple de Njeddo Dewal (La Mère de la Calamité). Njeddo Dewal qui fut créé par Guéno pour punir les hommes de vivre dans le péché. Ainsi, la générosité et l’humilité sont des qualités hautement appréciées et valorisées dans ce livre. Ce sont ces qualités qui différencient le bon Homme du mauvais selon la tradition Peul.

Welôré

Personnification de la générosité, en effet, elle est considérée comme étant plus généreuse que son mari qui lui-même est considéré comme particulièrement généreux. Welôré est le symbole de la femme idéal car elle rassure et conforte son mari dans son désir et son besoin de bienveillance.

Contes Initiatiques Peuls : Avis sur les principaux lieux

Heli et Yôyo

Dans l’ouvrage, le pays est semblable au Jardin d’Éden, c’est un beau pays utopique dans lequel chacun respectait son prochain : c’était un paradis terrestre.

On apprend très vite dans le conte que Heli et Yôyo est situé dans le Walô, zone inondable évoquant la fertilité. Le conte commence par un descriptif précis de la nature à Heli et Yôyo, comme il y faisait bon vivre. La description donne l’effet d’un concert de beautés. Tout y semble célébrer la beauté de la vie. On apprend, également, rapidement que la ville de Héli et Yôyo est aimée de Guéno, l’Eternel. Cela veut dire qu’il considérait cette ville par rapport aux autres villes.

Heli et Yôyo est d’emblée définie comme une cité aimé de Guéno, l’Eternel, le temps infini. On apprend par la suite que l’amour que voue Guéno à cette cité est due à la beauté des hommes et des paysages qu’on y trouve. Guéno accord une attention particulière à ce pays qu’il semble aimer plus que d’autres. Ainsi on apprend que le “ pays était tant aimé de Guéno que si la lune boudeuse, abandonnait son logis, disant “je ne reviendrais pas”, des étoiles brillantes apparaissent, trouant le ciel à la façon d’un couscoussier, afin d’illuminer l’espace et les logis des hommes.”

Contes Initiatiques Peuls

Malgré le fait que la cité soit un paradis terrestre, les hommes avares et désirant toujours plus finiront par en faire un lieu de perdition et de péché.

Le destin de la cité Heli et Yôyo en dit long sur la nature de l’Homme ainsi que sur sa condition. Lorsque l’Homme se pense et se vit comme l’égal des autres Hommes, il est heureux. Mais, lorsque celui-ci se laisse submerger par l’orgueil il finit par se perdre lui-même. On apprend par la suite, que suite à la punition de Guéno, Heli et Yôyo se retrouve quasiment dépourvu de femmes non mariées ou vierges. Ceci explique le fait que Njeddo Dewal, La Mère de la calamité pour attirer les hommes à Wéli Wéli (Tout doux Tout doux) créé sept vierges de grandes beautés, contrairement à elle-même.

On comprendra par la suite que le sort de Heli et Yôyo est directement lié à celui de Weli Weli, cité invisible créée par Njeddo Dewal afin d’attirer les hommes de Heli et Yôyo d’empêcher cette cité d’être la belle cité qu’elle fut jadis.

Njeddo Dewal crée Weli Weli (Tout doux, Tout doux) afin de déposséder Heli et Yôyo, de ses jeunes hommes. En effet, Weli Weli est une cité invisible (un mirage) qui n’a pour seul but que d’attirer les hommes de Heli et Yôyo en leur promettant des vierges, qu’ils ne trouveront pas dans leur cité. En effet, au début du conte, on apprend que des hommes, des femmes mariées et de jeunes hommes à Heli et Yôyo. Au fur et à mesure du texte, on comprend que les sept vierges ne sont en fait qu’un leurre, puisque celles-ci sont déflorés avant de redevenir vierge grâce à l’intervention de Njeddo Dewal au passage de chaque groupe de 7 sept hommes en provenance de Heli et Yôyo. Ainsi, Weli Weli (Tout doux, Tout doux)

Incipit de l’oeuvre : Contes Initiatiques Peuls

“Conte, conte, je veux conter un conte ! Laissez-moi me coucher sur le dos et faire pantal, plonger dans la parole et y nager à grandes brassées.”

10 citations : Contes Initiatiques Peuls

1-“ La précipitation ne gâche plus qu’elle n’arange”. P 47

2-” Combien de fois n’est-il pas arrivé que l’on trouve une perle rare dans une petite mare alors que l’on a cherché vainement dans le grand océan.” P 57

3- “ Il est habituel que l’auteur d’un bienfait oublie sa bonne action et cela est admissible. Ce qui est condamnable et inqualifiable, c’est que le bénéficiaire de ce bienfait l’oublie.” P 64

4- “ L’adage veut, dit-il, que celui qui est reconnaissant ait autant de mérite, sinon davantage, que celui qui a fait le bien, car l’ingratitude est le propre de l’homme.” P 66

5- “ Si la coutume des temps est que les convives se frottent le ventre avant de prendre, celui qui ne frottera pas le ventre avant de manger risque d’avoir une indigestion, et il ne devra s’en prendre qu’à lui-même ! P 69

6- “ Je suis le premier à avoir vu ce turban ; je puis donc me l’approprier car celui qui voit une chose en premier a les mêmes droits que le premier occupant d’un lieu.” P 139

7-” Une route finit toujours par arriver quelque part.” P 140

8-” Le temps est entrain de fuir. Partons le plus vite possible, car le temps perdu ne revient pas. “ P 195

9- “ Celui qui doit mourir ne perçoit pas le déplacement d’air de la balle qui le tuera.” P 200

10- “ Seigneur ! Lui dirent-ils, ce beau cheval sans pareil et si richement harnaché est digne de votre écurie. Il vous appartient de droit car, selon la tradition, toute richesse dont le propriétaire est inconnu revient au roi .“ P 210

 

Découvrez d’autres œuvres de littérature africaine

Samba
Les derniers articles par Samba (tout voir)