Kebra Nagast (La Gloire des Rois d’Éthiopie), livre de la littérature guèze ; langue liturgique de l’Église orthodoxe d’Éthiopie ; livre sacré pour la religion rastafari et pour les spiritualités et religions tirées de l’Éthiopianisme.

Kebra Nagast : Présentation

Le Kebra Nagast (La Gloire des Rois d’Ethiopie), est un livre mettant en scène la Gloire des Rois de la dynastie salomonienne ; c’est-à-dire les descendants de la reine de Saba et du roi Salomon.

Rédigé en langue Guèze, parfois appelée Éthiopien ancien, langue chamito-sémitique, de la famille des langues sémitiques (même famille de langues que l’Arabe et l’Hébreux). Elle fut la langue d’une partie de la Corne de l’Afrique (une partie de l’Éthiopie, l’Érythrée, le Djibouti et de la Somalie) et du Nord du Yémen et d’une petite partie du Sud de l’Arabie (communément appelé l’Arabie heureuse) durant la période de l’Abyssinie médiévale ; lorsque ces régions forment un seul et même territoire, à savoir le Royaume d’Aksum.

Il est difficile de déterminer avec exactitude la date de rédaction du Kebra Nagast, on sait seulement avec exactitude qu’il a été rendu public après la chute de la dynastie adverse des Salomonides, les Zagwé, c’est-à-dire après 1270. Cependant, il est plutôt admis que la rédaction du Kebra Nagast est datée d’après le Ve siècle, c’est-à-dire à une période où le guèze n’était plus la langue officielle du pays.

Cela s’explique par le fait qu’elle soit restée après cette période la langue des Erudits et des savants ; la langue liée au sacré dans l’Éthiopie médiévale, comme l’a pu être le latin dans la France de la même période. Elle est d’ailleurs encore la langue principale dans la liturgie de l’Église éthiopienne.

Mais, revenons au Kebra Nagast, cet interlude était nécessaire afin de mieux comprendre où, quand et comment (avec quelle langue) a été rédigé ce texte sacré.

Pour citer l’introduction de la traduction française (traduction réalisée par le pasteur de Lorraine, Samuel Mahler et publiée aux Editions J-M Bel – Reine de Saba :

« L’originalité du Kebra Nagast est sans doute celle de raconter la gloire des rois sans se soucier des critères importants pour un historien occidental. Son but n’est pas de faire connaître la gloire d’un roi en particulier mais de montrer l’identité d’une communauté glorieuse et pleine d’espérance. En insérant ainsi une histoire populaire séculière dans un document qui serait sacré, le compilateur Isaac historicise et politise la religion en élevant le sens populaire de l’identité à un niveau spirituel et moral. ».

L’autre point central du Kebra Nagast est de venir appuyer ce que La Bible selon King James à savoir que l’Éthiopie est la nouvelle Sion. En effet, dans la Bible selon King James, les Noirs sont désignés comme Éthiopiens et l’Éthiopie comme nouvelle Sion, citée à de nombreuses reprises : « Des princes sortiront d’Égypte, l’Éthiopie bientôt tendra ses mains vers Dieu », psaume LXVIII, 31 qui a d’ailleurs engendré l’ éthiopianisme est la sacralisation de l’Éthiopie et des Éthiopiens, mouvement de sacralisation de l’Éthiopie et d’ Éthiopiens.

Pour ce qui s’agit de la structure de ce livre sacré, on peut déterminer 7 grandes parties :

  • Le fondement de la religion d’Israël avec ses patriarches
  • La reine de Saba
  • Le roi Ménélik I.
  • L’Arche de l’Alliance.
  • Le déclin du royaume de Salomon
  • Le développement du royaume de Saba
  • Les prophéties.

Résumé de la partie 1 du Kebra Nagast : Fondement de la religion d’Israël et de ses patriarches

La partie 1 est précédé d’un paragraphe dont le titre est « Commencement », il s’agit en fait d’une louange, que voici :

« Dans la louange d’Egziabeher le Père Tout-Puissant et de son fils Jésus-Christ sans lequel rien n’existe et de l’Esprit Saint, le Paraclet qui procède du Père et du Fils, un Seigneur Père, Fils et Saint-Esprit, nous croyons et nous adorons la Trinité. ».

Les chapitres 1 et 2 sont une introduction, en fait l’auteur pose les jalons de l’histoire. On apprend que le Kebra Nagast est le récit des 318 orthodoxes au sujet de la gloire, la grandeur et la grâce qu’Egziabeher a donnée aux fils d’Adam et plus particulièrement au sujet de la grandeur et de la gloire de Sion, l’arche de l’alliance qu’Egziabeher a façonnée dans son lieu saint avant la création des anges et des hommes.

On apprend, également, que Sion, l’arche de l’alliance est le résultat d’un commun accord entre le Père et le Fils et de l’Esprit Saint.

On apprend aussi, que Egziabeher s’est fait chair en la personne du Christ.

Le chapitre 2 nous informe sur « l’objectif » de cette « rencontre » entre les 318 orthodoxes ; il s’agit de rendre compréhensible qui des rois de la terre seront magnifiés ou dépréciés.

Le premier à prendre la parole est Grégoire le Thaumaturge qui après avoir été jeté dans la fosse réfléchie sur la folie du roi d’Arménie en se demandant ce qui était plus grand entre : la grandeur des troupes, la gloire des biens du monde ou l’étendue des pays. Il ne trouva jamais de réponse à cette question et finit par se la poser et reposer sans cesse.

Les chapitres 3 à 7 sont une suite d’histoires tirées de la Bible, relatés en respectant l’ordre qui est présent dans la Bible, à savoir :

  • La Genèse ; en mettant l’accent sur la personne d’Adam, roi sur tout ce qui a été créé ;
  • L’histoire de Caïn et de son frère Abel ;
  • La jalousie de Caïn qui le pousse à tuer son frère Abel ;
  • La lignée des descendants de Seth jusqu’à Noé ;
  • L’histoire de Noé et du déluge ;
  • La création de l’arche de l’alliance, nommée Sion.

Ces chapitres sont une forme d’interlude dans lesquels les 318 orthodoxes donne leur avis sur Sion et la création de l’arche de l’alliance qui précède pour eux la création. Sans la « descente » de Sion, l’arche de l’alliance et si Egziabeher n’avait revêtu chair humaine. L’humanité ne serait pas sauvée. En cela Sion est comparable à Marie.

Les chapitres 12 à 16 sont de nouveau une suite d’histoires reprises de la Bible dans le respect chronologique biblique, à savoir :

  • L’histoire de Canaan ;
  • L’histoire d’Abraham ;
  • L’alliance d’Abraham ;
  • L’histoire d’Isaac et de Jacob ;
  • Celle de Ruben (fils de Jacob).

Le chapitre 17 raconte comment Egziabeher descendit l’arche de l’alliance, Sion sur terre alors même qu’elle était prédestinée à rester dans le ciel. C’est Moïse et Aaron de créer l’arche de l’alliance et de la décorée et de l’orner et de la ramener à Jérusalem, la ville de Sion.

Les trois derniers chapitres de cette première partie traite de l’accord des 318 orthodoxes sur la véracité et l’exactitude des histoires qui viennent d’être racontés. Ils dirent ainsi « L’arche de l’alliance d’Egziabeher est le salut des fils d’Adam ». C’est grâce à elle, c’est quand elle est descendue qu’ils furent nommés « Les membres de la famille de Dieu ».

Dans le chapitre 19, on apprend que Domitien, dit qu’il a trouvé « écrit dans un livre parmi les trésors du roi, que tout le royaume de la terre appartient au roi de Rome et au roi d’Éthiopie ».

Dans le chapitre 20, il précise la répartition de la terre entre le roi de Rome et le roi d’Éthiopie.

Avis sur le Kebra Nagast – Partie 1

Bhagavad Gîtâ | Chapitre 1

Dans le commencement du Kebra Nagast on apprend d’emblée que la Trinité est reconnue comme évidence et essence de la religion. Le Père étant le Tout-Puissant et le Fils étant Jésus-Christ. Il s’agit donc d’une religion chrétienne.

L’arche de l’alliance créée par le Dieu Egziabeher a été façonnée dans son lieu saint avant la création des anges et des Hommes ; c’est donc que les lois précèdent la création des hommes puisque l’arche de l’alliance est le lieu dans lequel est entreposé les tables de la loi.

Dieu a donc créé les hommes pour qu’ils respectent certaines règles : les dix commandements.

Avec la référence à Grégoire le Thaumaturge on sait que le Kebra Nagast a été écrit après la naissance et sans doute la mort de celui-ci en 270 ap JC. La rédaction du Kebra Nagast est donc postérieure à la rédaction de la Bible, ceux-ci ayant été rédigé quelques décennies après la mort de Jésus vers 40 – 60 après JC.

Il est fait allusion également dans le même passage au roi d’Arménie qui est devenu fou, il s’agit du roi Tiridate IV qui est le premier roi d’un royaume chrétien. Tiridate IV a régné entre 301 et 314 ap JC, c’est-à-dire que le Kebra Nagast a été rédigé après cette période.

Le fait raconté par le Kebra Nagast dans ce passage est celui du questionnement de Grégoire le Thaumaturge qui lui aussi a vécu des moments difficiles après avoir adhéré au christianisme. En se demandant si la grandeur des troupes, la gloire des biens du monde ou l’étendue des pays sont les choses les plus importantes sur terre, il semble se demander si la pauvreté et la folie dans laquelle peut plonger le Christianisme n’est pas en soi un signe que cette religion n’est pas positive.

Ces chapitres semblent être un résumé de passages bibliques, un résumé quelque peu déformé par l’éloignement de la perception de ceux qui l’écrivent d’événements qui ne se sont pas passés ni dans leur territoire, ni dans leur peuple. Il donne l’effet d’un point de vue extérieur d’une histoire à savoir celle de l’histoire des juifs et notamment du pentateuque ; c’est-à-dire des 5 premiers livres de la Bible que l’on attribue, généralement, à Moïse.

L’autre fait marquant de ces passages est effet d’éloignement, de distance avec les faits que le point vue (qui semble extérieur) insère dans le discours. Ça donne l’effet d’un discours raconté par un étranger sur des événements qui bouleversent un peuple. Le peuple éthiopien n’est pas le peuple juif. Il semble que ce soit par respect et sympathie envers ce peuple qu’il remémore cette histoire et afin de mieux l’imbriquer dans son histoire personnelle.

Après cet interlude, on reprend le résumé des passages du pentateuque de la Bible, jusqu’à Jacob-Israël et son fils Ruben. On dénote une véritable connaissance de la Bible et de la lignée allant de Noé à Ruben en passant par Canaan, Abraham, Isaac et Jacob.

Dans ce chapitre le dernier qui fait référence à un événement postérieur à la rencontre de la Reine de Saba et du roi Salomon ; on comprend l’importance que peut représenter l’arche de l’alliance, Sion et son lien étroit avec Moïse ; mais contrairement au texte biblique ici ce n’est pas Moïse qui rédige les Tables de la loi ; mais bien les tables de la loi (en ce qu’elle se trouve dans l’arche de l’alliance, Sion) qui étaient déjà créées et que Moïse en quelques présentes aux Hommes. Moïse est celui qui présente l’arche de l’alliance, Sion et non celui qui rédige les Tables de la loi sur la dictée divine de Dieu. Dieu n’a donc pas directement parlé à Moïse.

Incipit – Partie 1 du Kebra Nagast

Dans la louange d’Egziabeher le Père Tout-Puissant et de son fils Jésus-Christ sans lequel rien n’existe et de l’Esprit Saint, le Paraclet qui procède du Père et du Fils, un Seigneur Père, Fils et Saint-Esprit, nous croyons et nous adorons la Trinité.

10 Citations tirées du livre « Kebra Nagast »

« Le vrai roi à qui revient l’honneur est Egziabeher… » – Chapitre 3 – Phrase 1

 

« Noé le juste craignait Egziabeher. ». – Chapitre 7 – Phrase 1

 

« Cette œuvre étant mauvaise devant Egziabeher, il les extermina lui-même par l’eau du déluge qui est plus froide que la glace. ». – Chapitre 8 – Phrase 1

 

« Oui ! En vérité, d’abord il y eut la création de l’arche de l’alliance. » – Chapitre 11 – Phrase 1

 

« Les 10 commandements qui ont écrits par ses mains reposent dans la Sion qu’il a façonnée, et le Créateur par lequel tout est venu, a lui-même habité dans le corps de Marie. » – Chapitre 11 – Dernière phrase

 

« Ne crains rien ! A partir d’aujourd’hui, tu seras mon serviteur. Je conclurai mon alliance avec toi et avec ta descendance. Je multiplierai ta descendance et je rendrai ton nom très grand. Je ferai descendre l’arche de mon alliance sur le terre sept génération après toi. – Chapitre 14 – Phrase 1

 

« Elle se déplacera avec ta descendance pour qui elle sera le salut. Puis, j’enverrai ma Parole pour le salut éternel d’Adam et de ses fils. » – Chapitre 14 – Phrase 5

 

« Egziabeher avait d’abord créé le ciel pour Sion, l’arche de l’alliance, puis il lui plut que la demeure de sa gloire soit sur la terre. » – Chapitre 17 – Phrase 1

 

« Dans l’église de Sophie, j’ai trouvé écrit dans un livre parmi les trésors du roi, que tout le royaume de la terre appartient au roi de Rome et au roi d’Ethiopie. » – Chapitre 19 – Phrase 1

 

« Car Egziabeher a donné la gloire à la descendance de Sem à cause du don de leur père Noé. Le roi de Rome est le fils de Salomon. Et le roi d’Ethiopie est le fils aîné, le premier-né de Salomon.» – Chapitre 20 – Phrase 2 à 5

Le Kebra Nagast : analyse de l’ensemble des parties

Le Kebra Nagast, partie 2 : analyse et avis

La partie 1 est précédé d’un paragraphe dont le titre est « Commencement », il s’agit en fait d’une louange, que voici :

« Dans la louange d’Egziabeher le Père Tout-Puissant et de son fils Jésus-Christ sans lequel rien n’existe et de l’Esprit Saint, le Paraclet qui procède du Père et du Fils, un Seigneur Père, Fils et Saint-Esprit, nous croyons et nous adorons la Trinité. »

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Le Kebra Nagast, partie 3 : analyse et avis

Cette partie 2 est exposée en 4 temps, dans un premier temps on présente la Reine de Saba ; ensuite en présente le marchand éthiopien et comment il a rencontré le roi Salomon et comment il a admiré sa sagesse ; le troisième temps est la préparation de la reine du midi pour rencontrer Salomon ; enfin la dernière partie expose la rencontre et le moment partagé par la reine de Saba et le roi Salomon.

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Max Brun
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