Découvrez la chronique rédigée par Badi Huchet sur le livre Intersections de Benny Aguey-Zinsou.
Benny Aguey-Zinsou : biographie
Benny Aguey-Zinsou (BAZ) est né le 10 décembre 1982 à Berne, en Suisse. Son père est Béninois et sa mère française. Il a grandi à Stalingrad, dans le 19ème arrondissement de Paris. Etant passionné de livres, de politique et d’art pictural, il décide de devenir artiste peintre.
BAZ (nom d’article formé par ses initiales) est un artiste pluri-disciplinaire (poésie, littérature, slam, slam musical, peinture, bande-dessinée, dessin, vidéo, danse…). Il travaille sur la subjectivité contemporaine face à la crise systémique de notre époque (écologique, sociale, culturelle, politique, économique…).
Une subjectivité contemporaine, qu’il qualifie de virtuelle à l’heure du numérique. Ses œuvres se développent à travers ce qu’il intitule le Virtualisme.
Intersections : présentation
Intersections est composé de dix poèmes :
- Les Yeux d’or retrace l’histoire d’un homme couvert de blessures et qui essaye d’avancer, malgré une société qui se voile la face du réel bonheur.
- Le second poème qui s’intitule Suggère moi enfin l’infini, qui est une sorte de question philosophique pour nous, afin de nous faire douter de tout. Ne pas se baser sur nos affirmations et toujours allez plus loin dans nos recherches.
- Le troisième poème est La Lune qui parle d’un homme comme si c’était son meilleur ami, malgré tous les désirs que l’homme peut avoir, la nuit porte conseille mais peut aussi symboliser les ténèbres.
- Le quatrième poème, Clochard, dans ce poème, BAZ utilise la métaphore du clochard pour symboliser la pauvreté matérielle. L’auteur remet reconsidère la notion de pauvreté, en accordant de la considération et en défendant la cause des pauvres, avec qui la société n’est pas tendre, bien au contraire.
- Le cinquième poème, Ursule, parle de la puissance du regard des gens qui détruit le monde actuel et le lien de confiance entre les humains. BAZ demande même à s’en remettre à Dieu afin de lutter contre ce pouvoir destructeur.
- Le sixième poème, La Gitane, c’est l’histoire d’un homme et d’une gitane qui se rencontre. Une l’histoire qui deviendra très mélancolique. Car l’homme va perdre de vue la femme de ses rêves et se retrouva seul face à son destin.
- Le septième poème, Toi, Goliath, ce poème est surréaliste car BAZ utilise des métaphores afin de s’imaginer toutes les possibilités que peuvent avoir une pensée. De plus il utilise des anaphores pour mettre en relief certaines expressions (insister).
- Le huitième poème, La guerrière solaire, l’auteur a voulu relier la guerrière et le soleil en associant leurs caractéristiques.
- Le neuvième poème, Sois pour toi, BAZ parle de l’égoïsme car l’Homme est lui seul qui décide de ses propres choix. Il favorise donc l’épanouissement de l’Homme.
- Dans le dernier poème, Rangé, BAZ ne semble plus croire en l’amour, en lisant ce poème, on a l’impression que BAZ se parle à lui-même comme s’il était face à un miroir. Et l’utilisation du « tu » semble être un moyen pour lui de mettre de la distance avec lui-même ou du moins l’autre lui-même qu’il regarde dans le miroir. La première strophe est d’ailleurs criante en ce sens puisqu’en disant :
…
Je t’observe triste et rancunier et il renonce de se soumettre à l’amour.
De ne pouvoir observer ta danse
…
Il semble s’adresser directement à son âme avec laquelle il n’arrive pas à faire un ou du moins qu’il n’arrive pas à faire faire un ; comme s’il possédait deux âmes ; une rangé du côté de la mort et l’autre qui désir l’amour.
Autres œuvres de Benny Aguey-Zinsou :
- Du virtualisme, 2014.
Le poème Suggères moi enfin l’infini
À toutes les histoires qui se construisent un rassemblement d’elles-mêmes
En pensant au destin dans la certitude.
C’est un brouillard épais
Que tu me dévoiles
Et il est fait de contours vaporeux
Qui m’évoquent mon enfance
Mais qui es-tu en fait ? tu n’es pas mon enfance
Je le sais
Tu te caches sans paroles
Car je ne connais pas ta langue
Mais pourtant tu me fais vivre
Je construis ma demeure d’histoires simplettes
Sur l’abstraction de ton dos baroque
Qui porte indifféremment les poids
De mes inconcevables souhaits
Et je ne te connais même pas
Pour ne ressembler
Qu’à l’once de ton portrait
Je dois dépasser mon âme
Comme tu dépasses les limites de mon corps
Tu me suggères de te conclure enfin
En me montrant les couleurs de ces grenades
Afin que je décrive leur saveur
Mais je ne sais toujours pas qui tu es
Ni quels sont véritablement ces fruits
Ma conscience reste une bancale histoire
Qui se débat dans tes immenses champs
de fleurs accompagné de senteurs parfumées
de mystères
Et je ne te connais toujours pas
C’est l’ensemble du monde
Qui court le long de tes routes fictives
Mais pour atteindre quoi ?
La fiction d’un horizon conclusif ?
Ils se construisent des abris de rêve
Dans leur rêves à n’en pas douter
Mais ne te connaissent pas
Nous avons construit tout notre trouble
Dans le vacarme de ton étrangeté
Sans même savoir pourquoi
Nous nous prélassons dans tes entrailles
sanglantes
Sans même savoir pouvoir te concevoir
Pendant que tu digères nos désirs
Comme de mets ingrats
Alors à quoi bon l’importance
De nos affirmations
Qui s’effacent dans les grandeurs de ton
silence ?
Notre propre histoire est un livre vidé
d’inscriptions
Que nous nous évertuons à remplir
En suspectant anxieusement le silence
Que tu lui as offert
Car nous ne comprenons pas pourquoi
Mais tes créatures vivent,
Et crient de douleur leur présence
Et leur existence
Sans te voir
Elles ne peuvent alors que se chérir elles-mêmes
Accompagnées de leur propre rêve
Sans toi
Leur berceau fantôme
C’est comme ma conscience abandonnée
Cet insecte qui bourdonne dans les marées
de ton ciel
Et qui s’évertue à survivre et à comprendre
Pourquoi il a de si fragiles ailes
Notre histoire humaine ne serait-elle alors
Qu’une petite case sur une de tes pages écolières dénuée
de limites ?
Cette grille titanesque
Qui nous offre et nous vole
Tous nos fantasmes ?
Tu nous offres l’imaginaire
Sans la vérité
La vérité sans l’imaginaire
Tu nous observes d’un regard
qui se masque de plantes rebelles
Et d’animaux voraces
Et nous, nous t’oublions dans les minuscules
histoires de notre désert mémoriel
qui s’exhibent de passions factices
Comparé aux infinies possibilités
de ta grandeur
Tu nous suggères certaines fresques
Et nous nous limitons à les boire
Sans que tu nous affirmes leur goût véritable
Tu vogues toujours dans d’idiotes routes
Et te prélasses de façon macabre au sein
de ton être
Et nous
Tes fils maudits par ta précieuse innocence
Nous interprétons avec péché
La pureté de tes contours
Dans une histoire fabuleuse
Nous guidant à travers les enfers
De notre fière passion qui s’embrase
De détresse
Nomade ou sédentaire
Nous ne resterons que d’ignorants rêveurs
Riches et misérables
Dans les choix arbitraires
De nos caprices inlassables
Pour te comprendre
Nous ne resterons que
D’ignorants rêveurs soumis
Au danger de disparaitre
Du rêve d’où nous sommes
Du rêve d’où tu nous places
Sans jamais te découvrir
Toi
Infini
Sourd
Aveugle
Muet
Tu restes d’une indifférente sauvagerie
Et d’une Innocence barbare
Déshabillée de nos flammes éphémères
Par ta temporalité figée de paix
Et la tyrannie inégalée et silencieuse
Qui si douce et si parfaite
Incarne la feuille de feu
De ton inconscience
Nous oubliant encore
De ses perfections
Pour cette perfection
Que nous oublierons toujours
Dans notre vanité éphémère
Mais si l’éternelle dans son orgueil
Et sa chute
Suggère moi enfin l’infini : avis
Le second poème du livre Intersections est surement le plus humaniste et philosophique du livre, de part par sa morale et sa grande réflexion sur le doute. Cela me fait penser à certains philosophes comme René Descartes ou encore à Emmanuel Kant car ils sont constamment dans le questionnement.
Dès le début du poème BAZ montre son ignorance et va directement se poser la bonne ou mauvaise réflexion.
Vers 5 : « Mais qui es-tu en fait ? »
Dans le poème, BAZ va découvrir et rechercher sa véritable vérité mais à la fin de chaque affirmation, il va se rendre compte qu’il a une nouvelle affirmation, une sorte de boucle qui tourne et qui n’en finit jamais. On dit souvent que quand on relit un livre ou un film qu’on a déjà regardé, on a toujours une nouvelle perception et une nouvelle compréhension du livre ou du film. Selon BAZ il y a toujours un flou autour de ces histoires, c’est pour cela qu’il utilise de nombreux mots de doutes « brouillard » ; « je ne sais toujours pas » ; « je ne te connais toujours pas » ; « horizon » ; « pourquoi » ; « étrangeté » …
A chaque problème, il y a des obstacles et on doit les affronter mais on préfère faire des mauvais choix et s’en remettre à nos désirs. On préfère pêcher au lieu de nous restreindre.
Il pose le pour ou le « contre » tout en restant lucide. En utilisant des antonymes comme « petit » et « titanesque » (page 31).
Finalement il y trouve toujours une réponse et les autres affirmations se dissout car il va oublier ses autres affirmations. Donc y a-t-il une vérité humaine ?
Sources :
Vivre ensemble et identité
de Max-Antoine BRUN
Le plus beau recueil de poésie de l’année 2020 !
Mélissa
de Max BRUN
L’amour d’un poète pour sa muse !
Épopée créole et odes antillaises
de Max-Antoine BRUN
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- Intersection de Benny Aguey-Zinsou - 8 juin 2020