Alcools, recueil de poèmes composés entre 1898 et 1913, Mercure de France, 1913.

Alcools de Guillaume Apollinaire : introduction

Découvrez la chronique rédigée par Max Antoine Brun sur l’oeuvre Alcools de Guillaume Apollinaire.

Guillaume Apollinaire : biographie

Guillaume Apollinaire est né le 26 août 1880 à Rome en Italie et mort le 9 novembre 1918 à Paris en France. Il était un poète, dramaturge, écrivain, romancier et critique d’art français d’origine polono-biélorusse.

Apollinaire est considéré comme l’un des plus grands poètes du début du XXe siècle, ainsi que l’un des défenseurs les plus passionnés du cubisme et un ancêtre du surréalisme. L’opinion, la plus partagée fait de lui l’inventeur du terme « cubisme » en 1911 pour décrire le mouvement artistique émergent. Il a aussi inventé le terme « surréalisme » en 1917 pour décrire les œuvres d’Erik Satie. Il a été un grand néologiste, puisqu’il a également inventé le terme orphisme (1912). Apollinaire a écrit l’une des premières œuvres littéraires surréalistes, la pièce Les seins de Tirésias (1917), qui est devenue la base de l’opéra Les Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc en 1947.

Apollinaire était journaliste et critique d’art pour Le Matin, L’Intransigeant, L’Esprit nouveau, Mercure de France et Paris Journal.

Deux ans après avoir été blessé pendant la Première Guerre mondiale, Apollinaire est décédé lors de la pandémie de grippe espagnole de 1918 ; il avait alors 38 ans.

Alcools : présentation

Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, publié en 1913. Les poèmes qui y sont contenus ont été écrits par le poète français entre 1898 et 1913. Il occupe la dix-septième place parmi les 100 livres du siècle choisis par Le Monde.

Alcools est un recueil de poème dans lequel le lecteur est entraîné de poèmes en vers libre à poèmes en Alexandrin. La dernière partie du livre contient des poèmes accompagné de petits dessins qui représentent des animaux.

Autres œuvres de Guillaume Apollinaire :

  • Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée, 1911 ;
  • Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre, 1918 ;
  • Poèmes à Lou, 1955 ;
  • Poèmes en guerre, 2018.

Extrait de l’oeuvre Alcools, le poème : La Chanson du mal-aimé

Guillaume Apollinaire
à Paul Léautaud

Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.

Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d’Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n’es pas l’amour unique

Au tournant d’une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C’était son regard d’inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d’une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l’amour même

Lorsqu’il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d’un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu’il revînt

L’époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D’attente et d’amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle

J’ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux

Regrets sur quoi l’enfer se fonde
Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes voeux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre

J’ai hiverné dans mon passé
Revienne le soleil de Pâques
Pour chauffer un coeur plus glacé
Que les quarante de Sébaste
Moins que ma vie martyrisés

Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir

Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s’éloigne
Avec celle que j’ai perdue
L’année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d’ahan
Ton cours vers d’autres nébuleuses

Je me souviens d’une autre année
C’était l’aube d’un jour d’avril
J’ai chanté ma joie bien-aimée
Chanté l’amour à voix virile
Au moment d’amour de l’année

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

Chanson du mal-aimé : avis

La Chanson du mal-aimé est un poème de 14 quintils octosyllabiques. Le poème est écrit dans sa totalité en rimes croisées.

Apollinaire nous raconte une de ses nuits à Londres où il cru trouvé l’amour en la personne d’un mauvais garçon, mais ce n’était pas le bon puisque celui-ci était déjà pris.

C’est l’histoire d’un amour à sens unique. Dans un premier temps, le voyou vient à la rencontre d’Apollinaire (il faut sans doute comprendre par-là qu’il cherche à le connaître), mais Apollinaire intimidé baisse les yeux ; il a raté l’opportunité de connaître ce mauvais garçon qui ressemble à son amour (et donc qui ne l’est pas, mais qui pourrait l’être) car celui-ci s’en va après avoir pris le geste d’Apollinaire pour un refus. Apollinaire, cherchant sans doute à se rattraper suit le mauvais garçon, sans doute pour lui adresser la parole et ainsi lui faire comprendre qu’il voulait bien discuter avec lui. Mais, malheureusement celui-ci s’avère déjà pris. Apollinaire continu alors seul sa route, repensant à l’amour qu’il n’a pas su laisser exister.

Ce poème est l’histoire d’un amour manqué.

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Max Brun
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