À une antillaise, Léopold Sédar Senghor

Léopold Sédar Senghor : biographie

Léopold Sédar Senghor est né le 9 octobre 1906 dans la ville de Joal, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar, capitale du Sénégal. Le père de Sedar Senghor, Basile Diogoye Senghor, était un homme d’affaires et un marchand appartenant au peuple bourgeois Serer.

Basile Senghor serait une personne riche et possédaient des milliers de bétails et de vastes terres, dont certaines lui ont été données par son cousin le roi du Sine. Gnilane Ndiémé Bakhoum (1861–1948), la mère de Léopold Sédar Senghor et la troisième épouse de son père, musulman d’origine peule appartenant à la tribu Tabor, est née près de Djilas dans une famille chrétienne.

Elle a donné naissance à six enfants, dont deux fils. Il a été baptisé « Léopold » le 9 août 1906, deux mois avant sa naissance. Son deuxième prénom sérère Sédar vient de la langue sérère, ce qui signifie «une personne qui ne doit pas être humiliée» ou «celle que vous ne pouvez pas humilier». Son nom de famille Senghor est une combinaison des mots plus sereins Sène (un nom de famille serer et le nom de la divinité suprême dans la religion serer appelée Rog Sene) et gor ou ghor, dont l’étymologie est kor en langue serer signifiant homme ou homme.

Tukura Badiar Senghor, le prince de Sine et une figure dont Léopold Sédar Senghor aurait retracé la descendance, était un c. Serer noble du XIIIe siècle.

Sédar Senghor est, aussi, connu pour être le fondateur avec Aimé Césaire et Léon Gontran Damas de la notion de Négritude.

À une antillaise de Léopold Sédar Senghor : présentation

À une antillaise est un poème tiré du recueil « Poèmes perdus » de Léopold Sédar Senghor. Il s’inscrit dans le mouvement de la Négritude.

Les œuvres de Léopold Sédar Senghor : 

  • Départ, poème, Édition Poèmes perdus, 1964
  • Hosties noires, poèmes, Le Seuil, 1948
  • Guélowar ou prince, poèmes, Le seuil, 1948
  • Éthiopiques, Le Seuil, 1956
  • Nocturnes, poèmes, Le Seuil, 1961
  • Lettres d’hivernage, poèmes, Le Seuil, 1973
  • Chant pour Jackie Thomson, poèmes, 1973
  • Élégies majeures, poèmes, Le Seuil, 1979

À une antillaise de Léopold Sédar Senghor : le poème

Princières tes mains sous les chaînes,
Aérienne ta grâce légère,
Plus fine, plus fière la cambrure de tes reins.
Le soleil qui viole les mornes rouges,
Le soleil, qui enivre de sueur chaque heure
Des quinze heures qui te rivent au sol chaque jour,
Mûrit ton cœur riche de sucs
Pour les combats conscients du futur.
Et penché une fois au bord de tes yeux
Ouverts comme des palais ombreux, j’ai vu
Surgir la fierté triomphante des vieux Guèlwars.

À une antillaise de Léopold Sédar Senghor : Analyse

Le poème est rédigé en vers libre et dépourvu de rime ; tout le travail de Senghor dans ce poème consiste à se libérer de toute contrainte stylistique ; se libérer de la forme (les strophes ; les vers ; les quatrains ; les rimes ; etc…) pour libérer le fond (ce qu’il veut dire). Se libérer de la forme et des contraintes pour être libre de dire la liberté.

Le poème commence par une antithèse dans laquelle Senghor met en parallèle deux notions contraires à savoir celle de princier et de chaîne ; on s’imagine mal un prince portant des chaînes ; le prince étant par nature l’opposé de l’esclave avec qui est généralement associée la notion de chaîne. Senghor cherche dans cette figure de style à créer un contraste pour donner du relief à l’image évoquée et en accentuer le ridicule. L’antillaise de Senghor est une princesse portant des chaînes ; avec cette antithèse Senghor cherché à interpeller son lecteur. La ligne suivante accentue encore cette antithèse. Car l’antillaise de Senghor, princesse enchaînée est aérienne et de grâce légère ; tout le contraire de l’esclave enchaîné que l’on s’imagine affligé, accablé, épuisé. Et pourtant ; Senghor ne trompe pas son lecteur. Les chaînes qu’ils assigne à sa princesse antillaise sont bien des chaînes de servitude. En tout cas, c’est ce à quoi pense le lecteur lorsqu’il lit les lignes suivantes :

« Le soleil, qui enivre de sueur chaque heure
Des quinze heures qui te rivent au sol chaque jour, … ».

L’antillaise de Senghor est affligée de travail ; « quinze heures » et enivrer de sueur. Enivrer ; il faut sans doute le comprendre comme intoxiquée de sueur ; c’est-à-dire de labeur. Mais, Senghor agaie ce tableau sur la fin ; car des « combats conscients du futurs » attendent l’Antillaise de Senghor ; des combats qui rappellent au poète ceux des Guelwars. Les Guèlwars, dernière dynastie maternelle des royaumes sérères du Sine et du Saloum. Les sérères sont connus pour être un peuple de guerriers ; refusant toutes sortes de servitude ; ils ont ainsi résisté à l’islamisation de leur terre dès le XIe siècle ; puis à la wolofization de celle-ci quelques décennies plus tard et enfin à la colonisation par les Européens, et ce jusqu’au 19e siècle.

On peut en conclure que ce poème de Senghor est un hymne à la femme antillaise. Senghor dépeint le portrait d’une femme qui des ténèbres de la servitude et de l’esclavage garde sa splendeur de femme libre descendante de la dernière dynastie des Guèlwars

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Max Brun
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